9

Peggy et Brandon se sont disputés. La jeune femme refuse de croire aux pouvoirs fabuleux de la drogue. Brandon, lui, affirme qu’ils sont réels et, à l’appui de sa thèse, exhibe les billets dérobés en toute impunité dans le tiroir-caisse du magasin de souvenirs. Il est grisé, c’est visible, comme un petit garçon qui vient de découvrir que le Père Noël existe. Il a aussitôt recommencé à parler de hold-up. Pendant qu’il évoquait les péripéties de ce braquage imaginaire, son visage se transfigurait, et Peg a soudain réalisé à quel point il s’ennuie avec elle.

« Si je lui casse son rêve, il me plaque… », a-t-elle pensé, tandis que ses mains devenaient froides. Elle ne sait pas si elle aime Brandon. Souvent, il l’agace, elle le juge immature, toujours à jouer au coq comme un adolescent sur un terrain de sport, mais elle sait également qu’elle ne supporterait plus de vivre avec quelqu’un de normal : un VRP, un représentant en volets d’aluminium, un caissier de banque, un agent immobilier… Depuis qu’elle est passée de l’autre côté du miroir, elle ne supporte plus la banalité. Elle a perdu tous ses repères, ceux qui structuraient son existence avant l’assassinat de sa sœur… ses valeurs, ses habitudes. Ce qu’elle a vécu dans la maison McGregor[2] a laissé sur elle une empreinte indélébile. Elle a atteint le point de non-retour. Quand elle regarde en arrière, il lui semble que son enfance, son adolescence, sa jeunesse, se sont effacées d’un coup. Qu’elles appartiennent à une autre femme, une inconnue. Cet effet d’éloignement la perturbe car il la prive de tout passé. Ses souvenirs lui paraissent irréels, à peine plus crédibles que les images d’un film. Elle a perdu ses racines. Elle est condamnée à réinventer sa vie.

 

*

 

Oui, elle s’est querellée avec Brandon dans un petit restaurant donnant sur la plage, devant le plateau de fruits de mer. Ce qui l’agace par-dessus tout, c’est qu’au fond d’elle-même, elle a envie de croire à la fantasmagorie échafaudée par le jeune homme.

Elle s’imagine très bien, pénétrant dans la banque déguisée en courant d’air, empoignant les liasses de billets pour les jeter dans un sac doublé d’amiante.

Non, c’est stupide. Ils ont tous deux été victimes d’une hallucination. Et pourtant il y a les billets ramenés par Brandon…

— Le frottement de l’air, a chuchoté le jeune homme, c’est ça le gros problème. Burly ne mentait pas, on peut prendre feu si on ne fait pas gaffe.

— Ta chemise n’avait rien, a objecté Peggy. Les poils de tes bras n’étaient même pas roussis. Tu as rêvé tout ça.

C’est à partir de là que le ton a monté. La jeune femme s’est levée, à bout de nerfs, pour quitter le restaurant. Elle a peur. Des choses confuses grouillent à la lisière de sa conscience. La tentation, l’envie de renouveler l’expérience, de briser la routine… « Il ne faut pas ! » lui souffle la voix de la raison.

Elle a pris la Dodge, à présent elle roule en direction du bungalow.

Quand elle entre dans la maison, elle identifie tout de suite l’odeur fade qui flotte dans l’air. C’est celle du sang.

Elle se crispe. La porte de la salle de bains est ouverte et l’on entend le plic-plic du robinet qui goutte. Peggy s’avance sur le seuil, la baignoire est pleine de sang. À ras bord.

La jeune femme retient son souffle et s’approche. Il y a quelque chose dans le fond, mais le sang dilué ne permet pas à cette distance de voir ce que c’est. Peg se penche. Une jambe coupée… Une jambe coupée repose au fond de la baignoire. En se vidant elle a teinté l’eau du bain, lui donnant une couleur rouge brique. Peggy se mord les lèvres pour réprimer un haut-le-cœur. Elle cherche la chaînette reliée au bouchon de caoutchouc de la bonde. Elle tire dessus pour libérer le trou de vidange. La baignoire se vide avec un gros glouglou. Quand elle n’est plus qu’à demi pleine, Peggy comprend qu’elle a été victime d’une mauvaise plaisanterie de Boyett, une de plus. La jambe coupée est en bois. C’est une prothèse articulée datant du début du siècle.

La colère s’empare de la jeune femme. Elle saisit la douchette fixée au robinet et nettoie rageusement l’émail. Le sang provient de poches à transfusion dont on a fourré les sachets vides dans la poubelle, sous le lavabo.

Un dégoût subit l’empêche de saisir le membre factice qui gît là, au milieu d’une flaque rosâtre, un peu gluante.

Elle se lave les mains mais renonce à se passer de l’eau sur le visage. La proximité de la prothèse a quelque chose d’obscène qui la pousse à fuir la salle de bains. Elle quitte la pièce, entre dans le séjour pour se verser une grande rasade de vodka. Au moment où elle se redresse, elle aperçoit une silhouette derrière la fenêtre. C’est l’Asiatique aux verres miroirs, le conducteur de la TransAm noire qui est venu l’observer à la réserve.

Absorbée par l’incident de la baignoire, elle n’a pas détecté l’approche du véhicule, ni même les pas de l’inconnu sur les gravillons du jardin. Elle ne sait pas ce qu’elle doit faire. Avant qu’elle ait eu le temps de prendre une décision, il est là, dans la pièce, avec elle. Il est là, dans son costume de lin blanc sans une marque de transpiration. Il sourit, esquisse un geste apaisant.

— N’ayez pas peur, dit-il. Je m’appelle Wong, Dexter Wong. Je ne vous veux aucun mal. Je suis venu vous prévenir, c’est tout.

Peggy se maudit de rester muette, idiote. L’Asiatique a enlevé ses verres miroirs. Il a une belle tête d’ivoire poli, aux pommettes si saillantes qu’elles semblent prêtes à crever la peau. Il a des mains fines, sûrement douces, pas du tout des mains de tueur. Le pli mongol, au-dessus de ses paupières supérieures, est très marqué, ce qui donne à ses yeux une expression mystérieuse. La jeune femme s’étonne que, à l’imitation de la plupart de ses congénères d’aujourd’hui, il n’ait pas eu recours à la chirurgie esthétique pour se le faire enlever. Cela dénote chez lui un refus d’occidentalisation plutôt surprenant.

— J’irai droit au but, murmure-t-il en baissant la voix. Je n’ai qu’une chose à vous dire : ne jouez pas à ça. Vous n’êtes pas de taille. Vous vous embarquez dans une histoire qui vous dépasse.

Peggy n’a même pas envie de nier. Elle sent d’emblée que ce serait inutile. Il voit en elle.

— Des forces terribles sont en présence, ajoute-t-il. Des choses qui vous paraîtraient un peu irrationnelles… Vous avez mis la main sur un objet qui ne vous appartient pas, c’était une erreur. Heureusement, pour le moment, le préjudice n’est pas encore irréparable. Replacez le container à l’intérieur de la statue, dans l’épave, et oubliez ce qui s’est passé. Avec un peu de chance, on ne vous sanctionnera pas pour votre malencontreuse curiosité.

Il se tient très près de Peggy, comme le ferait un intime, un amant, quelqu’un qui aurait l’habitude de la toucher. Elle voudrait reculer, rétablir une distance protocolaire. Elle n’y parvient pas. Cette intimité du contact engendre chez la jeune femme un sentiment de trouble un peu incongru. Elle s’ébroue, fait un effort pour recouvrer son sang-froid. La voix ferme, elle demande :

— Qui êtes-vous ? Pour qui travaillez-vous ?

Elle sait déjà qu’elle n’a pas affaire à la DEA. Elle en conçoit une inquiétude encore plus grande.

— Je n’appartiens pas à un organisme officiel, dit l’homme en laissant courir son regard sur le corps de son interlocutrice. Pas plus à la DEA qu’à la CIA… Mon rôle est beaucoup plus modeste, je suis une sorte d’agent commercial spécialisé dans les transactions clandestines. Un intermédiaire. Une espèce d’adaptateur électrique, de prise universelle… Vous savez : ces boîtiers qui permettent d’utiliser les appareils américains dans n’importe quel pays.

— C’est vague.

— Pas pour un Asiatique. Nous n’aimons ni les définitions trop claires ni les frontières trop précises. Je suis venu vous dire qu’il nous reste très peu de temps pour réparer l’accroc. Ni vous ni moi n’avons intérêt à déclencher une tourmente qui nous balaierait. Je vous engage à tout remettre en place et à ne plus vous occuper de cette affaire.

Peggy pose son verre sur la table roulante pour se donner une contenance. C’est aussi un prétexte pour s’éloigner de Wong. Elle a l’impression de se trouver en face d’un médecin qui, d’une seconde à l’autre, va lui faire subir un examen aussi intime que désagréable. Elle s’irrite de son trouble.

— Ce produit sort vraiment des laboratoires de la CIA ? demande-t-elle.

— Oui, c’est une curiosité historique. Un fossile découvert par hasard dans un bunker enfoui à la frontière du Laos. L’unique spécimen encore en circulation. Toutes les formules ont été détruites, nous ne savons plus rien des procédés de synthèse. Ceux qui ont inventé cette chose sont morts. On pourrait presque dire que ce liquide est le produit d’un art dont les secrets se sont perdus.

— Pourquoi, alors, l’introduire aux États-Unis d’une manière aussi rocambolesque ?

Wong sourit.

— Contrairement à ce que vous pensez, la manière n’a rien de farfelue. Surtout quand on la compare aux méthodes employées par certains barons de la drogue. Vous connaissez celle qui consiste à passer la douane avec, dans les bras, un bébé mort dont on a rempli le ventre de sachets de cocaïne ? Votre épave nous a rendu de grands services dans le passé.

— À quoi va servir cette drogue ?

— C’est un produit dopant aux possibilités extraordinaires, et qu’aucune analyse, même la plus poussée, ne peut déceler.

— Un dopant… Vous voulez dire qu’il améliore réellement les performances physiques ? J’ai eu l’impression, au contraire, qu’il s’agissait d’un banal hallucinogène, comme le bon vieux LSD des âges héroïques.

Wong secoue négativement la tête.

— Je ne suis pas d’accord avec vous. Bien sûr, l’impression qu’on en retire est excessive et sans grand rapport avec la réalité du phénomène, mais l’amélioration des performances est bien réelle.

— On bouge plus vite ?

— Oui. Nettement, mais il ne faut pas utiliser le produit dans sa forme actuelle. Concentrée, c’est très dangereux. On risque des lésions mentales irréversibles. On finirait par succomber à une sorte d’intoxication psychologique débouchant sur la schizophrénie. C’est un processus biochimique bien connu des spécialistes de la médecine sportive. Quand on fait un effort prolongé, la consommation en sucre est telle qu’elle engendre une carence, les muscles asphyxiés sont saturés d’acide lactique et deviennent douloureux ; pour faire face à la demande en énergie, l’organisme décide lui-même de se doper en libérant de grandes quantités d’adrénaline. Tout se passe alors comme si on ranimait une chaudière en l’arrosant d’essence. Les flammes se mettent à gronder, mais on risque l’incendie. Alors, pour calmer le jeu, pour diminuer la tension artérielle, le cerveau injecte dans le sang une seconde drogue, une morphine naturelle, une sorte d’opium à base d’enképhalines. C’est pour cette raison que tous les sportifs parlent du « plaisir » de l’effort. La dopamine pulsée par leur cerveau est un véritable opium. Ils se sont shootés eux-mêmes, mais n’en savent rien. Toutes ces histoires de contrôle antidopage relèvent de la plus parfaite hypocrisie puisque notre organisme ne manque jamais une occasion de s’injecter lui-même des substances plus puissantes que l’opium afin d’améliorer ses performances. Notre cerveau est une sorte de dealer interne auquel nous avons sans cesse recours. Dans le cas qui nous occupe, ce sentiment de béatitude est tel qu’il aboutit à une perte de contact durable avec le réel. J’ai dit durable, mais certains n’hésiteraient pas à employer le mot permanente.

Peggy s’applique à dissimuler le frisson qui la parcourt. Peut-être invente-t-il cela pour la dissuader de dilapider le contenu du flacon ?

— Je sais que vous avez fait un essai, murmure-t-il. Je vous ai observés, vous et votre ami. Je vous supplie de ne pas recommencer. Je ne suis pas inquiet pour vous, mais Brandon me paraît moins bien armé.

— Il a volé des billets dans le tiroir-caisse d’une boutique, lance Peggy, et personne ne l’a vu faire…

— Ça, c’est ce qu’il s’imagine, corrige Wong. En réalité, je suis passé derrière lui pour rembourser ses victimes et étouffer le scandale dans l’œuf. J’ai prétendu être médecin psychiatre… J’ai dit que Brandon était l’un de mes patients. C’est pour cette raison que personne ne s’est lancé à sa poursuite, mais je peux vous assurer qu’il n’était nullement invisible, et que tout le monde le voyait courir… même si, effectivement, il se déplaçait très vite. Il convient de faire la part du fantasme dans ce genre d’affaire. Chez certains sujets, la drogue imprime une telle certitude, qu’ils en deviennent presque aussitôt les esclaves. Ils ne doutent pas une seconde d’avoir accompli des choses extraordinaires. Ils en perdent tout sens critique. Ils n’ont plus qu’une hâte : recommencer, plonger dans le rêve, redevenir un héros de bande dessinée. Dès la troisième injection, ils sont irrécupérables. À ce stade, les lésions méningées sont déjà sérieuses. C’est en grande partie pour cela que l’Armée a renoncé à utiliser le produit. Les soldats qu’on traitait n’étaient plus fiables. Ils se comportaient comme des gamins, puis succombaient à des phobies terrifiantes. Ils avaient peur que leur peau s’enflamme au contact de l’air. Ils vivaient dans la terreur du vent, refusaient d’être touchés. Des choses comme ça.

— J’ai cru que le frottement de l’eau sur mes épaules était en train de les user, avoue Peggy. Wong sourit avec tristesse.

— Vous voyez bien, soupire-t-il. En l’état actuel, le liquide est inutilisable. On peut même le considérer comme un poison. Personne ne peut même dire s’il sera possible d’en synthétiser une version allégée. C’est juste une probabilité, mais une probabilité qui pèse des milliards. Imaginez qu’on puisse soudain truquer toutes les performances sportives de façon indécelable… On pourrait fabriquer des athlètes surhumains en dépit des contrôles antidopages les plus acérés. Des boxeurs hyperrapides, des footballeurs capables de filer comme le vent. Tous ces athlètes, une fois traités, deviendraient les maîtres du jeu.

 

Peggy comprend ce qu’il veut dire. Elle se rappelle nettement cette illusion d’évoluer au milieu d’un monde défilant image par image qui a été sienne lorsqu’elle a plongé dans les vagues. Pour un boxeur, ce serait encore plus flagrant : les poings de son adversaire bougeraient au ralenti, il aurait tout le temps d’éviter les coups…

— Les gens intéressés par ce produit sont très puissants, ajoute Wong. Et sans pitié. Je ne suis qu’un cadre commercial, je ne tiens pas à ce que le sang soit versé. C’est pour cette raison que je vous supplie de remettre le container en place. Je peux même envisager une compensation financière car je sais que vous êtes dans la gêne. Dans vingt-quatre heures il sera trop tard. On s’étonnera de la disparition du flacon, la machine se mettra en branle, je ne pourrai plus rien faire. On remontera très vite jusqu’à vous. Vous serez enlevée, torturée. Ne vous mettez pas dans la tête que vous pourrez traiter avec la Mafia… Les propriétaires actuels du container ne vous le permettraient pas.

Peggy lève la main pour couper court aux menaces.

— Je ne veux traiter avec personne, siffle-t-elle. Je veux que cette chose sorte de ma vie, c’est tout. Je vais aller remettre le container en place. Arrangez-vous pour que vos commanditaires viennent en prendre livraison le plus vite possible.

Wong s’incline, il paraît soulagé.

— Vous avez pris une sage décision, conclut-il. Vous n’aurez pas affaire à un ingrat.

Il sort. Peggy note qu’il n’a touché aucun objet. Elle éprouve une lassitude subite, comme au terme d’une joute épuisante. Depuis que Wong est parti, un vide s’est creusé dans la pièce. Un manque. La jeune femme n’aime pas ce qu’elle croit discerner en elle, dans les lointains de sa conscience. Elle se secoue, sort sa combinaison de plongée du placard, vérifie qu’il lui reste une bouteille d’air comprime à peu près pleine. Elle veut en finir là, tout de suite.

Son matériel rassemblé, elle va dans la cuisine, ouvre le réfrigérateur.

Le freezer est vide. Le cylindre de métal a disparu.

Baignade accompagnée
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